PATRIMOINE
Le village de Carnac-Rouffiac est situé dans le sud du département du Lot. La commune s’étend sur 13,6 km2 et compte 252 habitants d’après le dernier recensement datant de 2011. Le bourg de Carnac est dominé par l’église Notre-Dame de l’Assomption construite de belles pierres blanches. L’église montre au moins cinq campagnes de construction successives. Le chevet (extrémité du chœur du côté du maître-autel), la majeure partie des murs de la nef et de la chapelle Sud datent vraisemblablement du XIIIème siècle. Les fenêtres à réseau flamboyant, les voûtes d’ogives et le niveau supérieur desservi par un escalier en vis ont été ajoutés vers la fin du XVème siècle ou au début du XVIème. La voûte de la travée occidentale de la nef a été construite ou refaite au XVIIème siècle, époque à laquelle a aussi été réalisé le nouveau portail Ouest (entrée principale). L’église a été la propriété des Templiers, les seigneurs et maîtres de Carnac vers le XIIIème siècle et constituait probablement alors la maison templière. A l’abolition de l’Ordre des Templiers en 1312, l’église devint la propriété de l’Ordre des Chevaliers de l’Hôpital Saint-Jean de Jérusalem qui hérita de l’Ordre des Templiers. Les Hospitaliers restèrent à Carnac jusqu’à la Révolution. L’église n’est pas classée mais n’en reste pas moins un très beau monument à hautes voûtes. A l’intérieur, trois retables en bois sculpté du XVIIème siècle, une armoire de la sacristie et les portes des fonts baptismaux sont classés Monuments Historiques. De chaque côté du retable on peut remarquer des statuettes d’angelots. En bas, à gauche et à droite, les armes du Commandeur sur lesquelles s’inscrit la croix de Malte. On retrouve celle-ci dans le transept ainsi que sous le porche d’entrée. Dans le cimetière attenant on découvre deux pierres dressées, sculptée de signes symboliques templiers. L’ancien presbytère accolé à l’église de Carnac a été réhabilité en logements communaux en 19XX sous le mandat de Jean-Pierre Molinié.
Eglise du village
Sur la D95 en direction de Sauzet, se trouvent les vestiges d’un autel des Rogations (ou oratoire ou reposoir) classé Monument Historique. Au moyen âge, les Rogations étaient des prières destinées à demander la protection divine sur les travaux des champs en vue des récoltes à venir.
Autel des Rogations
Sur la D95 en direction du Vert se trouve un ancien lavoir et une petite fontaine. Le site a été aménagé en une aire de pique-nique paisible et agréable avec plusieurs tables et bancs.
Ancien lavoir et une petite fontaine
Au lieu-dit « Camp de dessus » et proche du lieu-dit « Labruyère » se trouvent deux petites gariottes en pierres sèches en parfait état de conservation.
Deux petites gariottes en pierres sèches
Dans le bourg de Rouffiac se trouve une petite église romane qui daterait du XIVème ou XVème siècle. L’église est consacrée à Saint Simon et Saint Jude, deux des douze apôtres. Son charme se dégage d’abord de l’extérieur quand on la découvre bordée de son petit cimetière où la plupart des tombes ne sont que de légers tumulus de terre à l’abri de grands cyprès. On remarque tout de suite son clocher à peigne, rectangle largement ajouré, qui domine le chœur. Ce type de clocher, assez typique des petites églises du Sud-Ouest, trouve son origine dans un souci d’économie : c’est tout simplement le moins cher à réaliser. A l’intérieur de l’église, la nef débouche sur le chœur surmonté d’une coupole bleue. Les trois vitraux de la façade Sud sont des dons faits en 1897 par trois vieilles familles du village : les Sales, les Rouch et les Molinié. L’église est étroitement imbriquée avec son presbytère. On le remarque dès l’entrée quand on pénètre dans la pièce réservée au catafalque : elle se trouve sous une pièce du presbytère. On le voit aussi au niveau de la tribune où l’on distingue une porte murée. Quant à la sacristie, sa porte extérieure donnant sur la cour du presbytère est condamnée et l’on se trouve là encore sous le presbytère.
Eglise et chapelle à Rouffiac
La source de Sainte Rufine

A une centaine de mètres au Nord de l’église, au fond d’un vallon sous les ormeaux, coule la source de Sainte Rufine dont l’eau est excellente pour certaines affections de la peau et spécialement pour les croûtes de lait des nourrissons. Des pèlerins y viennent de temps en temps pour boire de cette eau, procéder à des ablutions et remplir quelques bouteilles. On cite des visiteurs venus d’Agen, de Villeneuve-sur-Lot et même de Toulouse. Il y a trois ou quatre ans, un jeune garçon fut, paraît-il, guéri en 48 heures d’une éruption de boutons sur tout le corps…
Le nom de Sainte Rufine (on dit dans le pays Santo Rafino, comme on dit Santo Rapino pour Sainte Rupine de Crégols) est à rapprocher du mot « rafo » qui désigne les maladies cutanées des enfants et en particulier les croûtes de lait. On peut aussi noter la ressemblance avec le nom de Rouffiac (anciennement Rofiaco), tient son appellation d’un ancien domaine gallo-romain (nom du propriétaire Rufus ou Rufius et suffixe acum). Quelle serait sainte Rufine si on veut s’en tenir aux canonisations officielles ? On en connait deux. La première subit le martyre à Rome, au IIIème siècle avec Sainte Seconde. La deuxième fut martyrisée à Séville, également au IIIème siècle, en compagnie de Juste. Peut-être a-t-on voulu faire appel à la Sainte Espagnole qui, selon les Bollandistes, était la patronne des potiers dans le diocèse de Montauban et faisait l’objet d’un important pèlerinage à Montgaillard, canton de Lavit.
Le clergé semble s’être montré assez réticent à l’égard de la Sainte Rufine de Rouffiac en dépit de la dévotion populaire et des guérisons obtenues. Elle n’a pas de chapelle dans l’église paroissiale, mais sa présence n’en est pourtant pas tout à fait exclue. Un petit vitrail au-dessus de la porte d’entrée, don de quelques fidèles, représente une femme tenant la palme des martyrs et qui passe pour représenter Sainte Rufine. Il y a aussi dans la chapelle Nord, une plaque de marbre fixée au mur et sur laquelle on peut lire : « Reconnaissance à Sainte Rufine R.M. » (son apposition daterait des années 1944 ou 1945). Dans son ouvrage, le chanoine Sol écrit simplement : « A Rouffiac, les eaux de la fontaine Sainte Rufine ont la propriété de guérir l’affection des croûtes laiteuses des enfants » (lo rafo).
Texte issu du Bulletin de la Société des Etudes du Lot.